Page 22 - Wizards

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suivi d’un déferlement de folles suppositions. Soudain,
sa dou­­leur était oubliée.
S’ il existe des sorts pour empêcher
quelqu’un de mourir, je parie qu’ il y en a aussi pour se protéger
d’une attaque…
Elle se reprocha aussitôt sa crédulité : comment pouvait-elle
croire une seule seconde à cet énorme canular ? Elle se releva,
déterminée à oublier le livre. En s’époussetant, elle remarqua
non seulement qu’elle arborait un assortiment de bleus tout
neufs, mais aussi que son stylo préféré avait disparu. Son
Space
Pen
,
un cadeau de son oncle Joël, le stylo qui pouvait écrire
sur du beurre ou du verre, et même la pointe en l’air. Le stylo
avec lequel elle n’avait jamais raté une seule interrogation, y
compris de maths. Elle se palpa de la tête aux pieds, regarda par
terre, chercha dans des poches de toute évidence trop petites
pour pouvoir accueillir l’objet. En vain : il avait disparu. Ou
plutôt, on l’avait volé, car il était fermement accroché à la poche
poitrine de sa veste quand ses assaillantes lui avaient sauté
dessus. L’une d’entre elles l’avait forcément ramassé sur le sol.
Oh… se lamenta Nita, qui aurait pu en pleurer de rage.
Mais ses larmes s’étaient taries, son corps entier lui faisait
mal et, de toute façon, pleurnicher n’était qu’une perte de
temps. Elle contourna la haie et clopina jusque chez elle.
Sa maison ressemblait à toutes celles du voisinage, une
bâtisse blanche à l’ossature de bois, décorée de faux volets.
Mais si les autres demeures avaient une pelouse, celle de Nita
s’enorgueillissait d’un magnifique jardin paysager. Sol tapissé
de lierre, nombreux parterres disposés autour du bâtiment…
Ils fleurissaient d’ailleurs en toute saison, excepté au plein cœur
de l’hiver. Nita se traîna le long de l’allée, insensible au parfum
des bourgeons printaniers, gravit une volée de marches menant