Page 17 - Widdershins

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La réaction d’Olgun ressembla fort à un grognement indigné.
Tout ce que tu voudras ! Il est l’heure.
Elle inclina la tête de côté en réponse à une question indistincte.
Bien sûr que j’aurais préféré attendre encore un petit
moment ! mentit-elle (elle trépignait littéralement d’impatience).
Mais la nuit n’est pas seulement sur le point de s’achever, elle
agonise. Il faut vraiment qu’on y aille.
Seul un léger crissement de semelles sur la poussière de
schiste du chemin marqua sa descente rapide et agile. Quiconque
aurait observé le large boulevard à la faible lueur de l’éclairage
public n’aurait vu qu’un bref éclair noir, une légère ombre, pas
plus inquiétante qu’un matou en fuite, et s’en serait détourné
sans plus y penser.
Lemur de pierres polies qui ceignait la propriété desDoumerge,
haut de presque trois mètres, était redoutablement lisse. Aucune
aspérité, aucune fissure n’offrait la moindre prise. Une corde et un
grappin auraient pu lui être utiles, maisWiddershins, qui préférait
travailler léger, n’avait pas ce genre de matériel sur elle.
Elle n’en avait jamais eu besoin.
Elle approcha de l’enceinte, puis s’élança au pas de course.
Olgun ? dit-elle à mi-voix. Aurais-tu l’amabilité…
Parvenue à quelques pas du mur, elle posa un pied botté sur
une marche qui n’existait pas, une échelle transparente, peut-
être, ou les doigts entrelacés de mains qu’on ne pouvait voir.
Grâce au coup de pouce de son invisible allié, elle franchit la
muraille d’un seul bond, non sans se ramasser sur elle-même au
moment de passer le sommet pour éviter les pointes courtes mais
acérées qui le couronnaient.
Elle eut beau enchaîner ensuite sur une roulade pour amortir
le choc, l’atterrissage s’avéra violent. Accroupie dans le gazon
humide de rosée, elle tâta avec précaution ses chevilles et ses
genoux : pourtant accoutumée à ce genre d’exercice, elle croyait