7Je hausse les sourcils, agacée.— Qu’est-ce que ça peut te faire ?— On était amis, avant.— Ça, tu peux le dire. Je me rapelle encore le jour où tu t’es fait pipi dessus en plein Module récréatif.Il me défie du regard.— Je m’en souviens comme si c’était hier. Et de toi qui nous avais aussitôt aspergés d’eau à la fontaine pour que personne ne s’en aperçoive.Il n’a pas oublié cette histoire ? Je baisse les yeux, trop tard : l’odeur entêtante des pilules de protéines que nous avions juré de ne jamais manger emplit mes narines, et je sens encore sa main réconfortante sur mon épaule le jour où Amy Willows avait comparé mes cheveux à de la paille.« Pff, tu t’en fiches ! » avait murmuré le petit Logan, douze ans, devant le générique d’un documentaire sur l’agriculture pré-Essor Technologique. « Les épouvantails, c’était sacrément chouette, au contraire ! »Ce soir-là, j’avais imaginé recevoir mon souvenir, ima -giné que Logan Russell y tienne le rôle de mon futur mari. J’ignorais, alors, que ces demoiselles attendent précisément de connaître le souvenir d’un garçon pour décider s’il sera ou non un bon parti. Peu importe au final le sourire charmeur de Logan si, à l’avenir, il se révèle incapable de subvenir aux besoins de sa famille. Ne pas se fier non plus à son physique de nageur de compétition… Il pourrait très bien s’empâter irrémédiablement d’ici une petite vingtaine d’années !Quelle importance : à peine mon béguin s’était-il révélé prématuré que le garçon de mes rêves avait de toute façon cessé de me parler. Problème définitivement réglé.
< Page 8 | Page 10 >