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connaissance rassemblée, tous ces mots qui ne demandaient
qu’à être lus donnaient systématiquement des frissons à Nita.
Quand les amis se faisaient rares, les livres, eux, l’attendaient
fidèles au poste, bourrés de nouvelles histoires à raconter :
un ancien temple récemment découvert au cœur de la forêt
tropicale, un lever de soleil bleu sur un cratère martien, une vue
kaléidoscopique prise à travers l’œil composé d’une abeille…
quelques minutes à peine leur suffisaient à égayer son existence
trop monotone.
Dire que j’ai passé ma vie ici jusqu’ à la fin de la primaire !
songea
Nita en se promenant à pas de loup entre les tables et les chaises
miniatures plongées dans la pénombre. À l’époque, elle dévorait
tout ce qui lui tombait sous la main, romans comme documents
–
contes de fées, manuels scientifiques, histoires de chevaux, de
chiens, livres sur lamusique, sur l’art et jusqu’aux encyclopédies…
Forcément, à la minute où les autres gamins s’en étaient
aperçus, ses problèmes avaient commencé. L’écho de leurs
moqueries résonnait encore dans sa tête :
Rat de bibliothèque !
Binoclarde, dico sur pattes ! Madame Je-sais-tout ! Sale fayote, tu
te crois trop forte !
«
Mais non !
avait-elle fini par répondre,
c’est
juste que j’aime faire des découvertes !
»
Elle ne put réprimer un
soupir… Sa seule découverte ce jour-là ? La douleur d’un coup
de poing à l’estomac.
Mais peut-être, aujourd’hui, y échapperait-elle ? En atten
dant, Nita flânait entre les étagères et passait les livres en
revue, souriant quand son regard s’arrêtait sur de vieux amis
–
des ouvrages qu’elle avait lus trois, cinq, voire dix fois. Un
simple titre, le nom d’un auteur suffisaient à lui rappeler des
moments de bonheur. Entourés d’enfants médusés, phénix et
fées des sables arpentaient les brumes du siècle passé, baignés
