Page 34 - Widdershins

table volante lors des soirées les plus agitées de la Sorcière. Des
tonnelets ventrus de bière étaient disposés à gauche du bar.
À droite, des casiers chargés de bouteilles s’empilaient les uns
sur les autres. La porte qui conduisait à la réserve se trouvait au
milieu. Les cuisines se situaient à l’écart du comptoir, le long
du mur de gauche. Un appétissant fumet de gibier rôti s’en
échappait, véritable bénédiction envoyée par toute une brochette
de dieux culinaires.
Au cœur de ce maelström se tenait Geneviève Marguilles,
propriétaire des lieux, tavernière, et l’une des rares amies de
Widdershins. Elle semblait très inquiète.
Geneviève ! la héla joyeusement la voleuse, qui s’approcha
du bar d’un air crâne. Tu ne me croiras jamais ! Figure-toi
qu’hier…
Mais lorsqu’elle remarqua l’expression de son amie, le flot de
ses paroles se tarit comme un ruisseau frappé par la sécheresse,
et son sourire s’évanouit.
Geneviève ? Qu’est-ce qui se passe ?
La demoiselle aux cheveux d’or s’apprêtait à lui répondre
lorsqu’une silhouette massive se leva de la table la plus proche et
s’avança vers la nouvelle venue. Elle eut la désagréable impression
qu’une avalanche était sur le point de l’engloutir. Elle saisit la
poignée de sa rapière et fit volte-face, toute gaieté envolée.
D’une voix en parfaite adéquation avec sa taille dispropor­
tionnée et sa carrure de colosse, le géant ironisa :
Toutes nos salutations, chère Widdershins. Si ton emploi
du temps surchargé te le permet, la guilde des Dénicheurs
aimerait beaucoup te dire un mot.