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la même façon, un grand sourire aux lèvres. Ce dernier se fit
plus large encore lorsqu’elle vit Robin se faufiler jusqu’à elle d’un
air timide mais ravi. Plus jeune que Widdershins de quelques
années, la serveuse, fluette, avait des cheveux bruns coupés
court et s’habillait de couleurs ternes. De prime abord, on la
prenait souvent pour un garçon – impression qu’elle cultivait
délibérément, en raison de quelques expériences passées fort
désagréables dont elle parlait peu.
La Sorcière Désinvolte
,
se répétait souvent Widdershins,
attirait plus que son lot d’infortunés.
—
Comme d’habitude, Shins ? s’enquit Robin d’une voix douce.
—
Pas ce soir, petite, jubila la voleuse en lui ébouriffant les
cheveux. Du Scyllien rouge, ta plus vieille cuvée. J’ai quelque
chose à fêter.
—
On dirait bien ! s’exclama la jeune serveuse qui secoua la
tête, ahurie. Mais tu sais que je ne peux rien servir d’aussi cher
sans la permission de Geneviève.
—
Pas de problème. Où est-elle, d’ailleurs ? J’ai à lui parler.
Je…
Elles furent interrompues par les protestations tonitruantes
d’une tablée toute proche, dont les membres exigeaient à grands
cris de savoir où se trouvaient leurs bières.
—
Il faut que j’y aille, s’excusa Robin sans sourciller. Geneviève
s’occupe du bar, ce soir. Je suis sûre qu’elle t’attend.
Avec un dernier sourire, la jeune fille se fraya un chemin
entre les tables surpeuplées et assura à la ribambelle de clients
impatients qu’elle serait à eux dans une minute.
Toujours d’excellente humeur, Widdershins joua aima
blement des coudes pour atteindre le comptoir en chêne massif.
L’établissement avait tout de la taverne typique, si ce n’est
l’incontournable grand miroir au mur, trop coûteux – surtout
si l’on considérait le risque bien réel de le voir fracassé par une
