6
Sans perdre un instant, elle le plaqua au sol d’un genou rageur.
Les yeux écarquillés, il fixa le révolver pointé sur son torse.
— Pitié…murmura-t-il.
Elle braqua le canon de l’arme entre ses deux yeux.
— Je n’ai pas pour habitude d’accéder aux requêtes d’un intrus.
Elle pesa sur lui de tout son poids. Il se tortilla, affolé.
—Qui es-tu ? reprit-elle d’une voix qui se voulait menaçante
mais sonna bien trop doucement à ses oreilles.
Il ne cilla pas. Dans ses prunelles se reflétait la lueur ambrée
de l’aube naissante.
— Je l’ignore.
— Pardon ?
Le visage étrangement pâle de son adversaire se tordit sous
l’effet de la peur, mais il répéta :
— Je… Je l’ignore.
—Tu te moques de moi ?
Elle jeta un regard au buisson touffu dont il venait d’émerger
et qui oscillait encore légèrement.
— Parle ! Que fuis-tu ainsi ?
Le front plissé, il bafouilla :
— Je ne sais pas…
—Vraiment ? cracha-t-elle. Pourquoi courais-tu, dans ce cas ?
Un frisson le secoua de la tête aux pieds.
— J’ai entendu des bruits.
—Quels bruits ?
Le sang de la jeune fille se glaça. Elle balaya les bosquets du
regard, le cœur serré d’appréhension.
Le sifflet hurla à cet instant précis, comme déclenché par sa
peur. Un monstre d’acier, aussi haut que les arbres qui l’entouraient,
émergea aussitôt de l’épais sous-bois, engagé sur le même sentier
que le garçon lui-même quelques minutes plus tôt. Les Robots
Cueilleurs de l’Empire étaient bâtis comme des géants : le crâne de
la machine, une tête massive, aux lignes anguleuses, surgit entre les
1,2,3,4,5 7,8,9,10,11,12,13,14,15,16,...36