Page 22 - Gardiens des Cités Perdues

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une rangée de châteaux de cristal miroitaient dans la lumière
si brillants que, de dépit, Walt Disney en aurait certainement
réduit en miettes son « Royaume enchanté ». Sur la droite, un
sentier doré menait jusqu’à une ville tentaculaire, dont les dômes
sophistiqués semblaient faits de joyaux gros comme des briques :
chaque bâtiment arborait une couleur différente. Des montagnes
enneigées encerclaient cette vallée luxuriante. L’air frais et vif
sentait la cannelle, le chocolat et le soleil.
Une telle magnificence ne pouvait tout simplement pas
exister, et encore moins surgir de nulle part.
Tu peux me lâcher, maintenant.
Sophie sursauta. Elle avait complètement oublié Fitz.
Lorsqu’elle eut libéré sa main, elle se rendit compte, à mesure
que le sang affluait dans ses phalanges, combien elle l’avait
serrée fort. Elle promena le regard tout autour d’elle, incapable
de réconcilier son esprit rationnel avec ce qu’elle voyait. Les
tours torsadées du château ressemblaient à du sucre filé et leur
apparence lui rappelait quelque chose…mais quoi ?
Où sommes-nous ?
C’est notre capitale. Nous l’appelons Éternalia, mais peut-
être la connais-tu sous le nom de Shangri-la.
Shangri-la ? répéta-t-elle en secouant la tête. Attends…
Shangri-la existe vraiment ?
Toutes les Cités perdues existent. Pas telles que tu te les repré­
sentes, bien sûr. Les légendes des humains ont déformé la réalité…
Pense à toutes les histoires ridicules que tu as dû entendre sur les elfes.
Elle ne put étouffer un rire, dont l’éclat sonore se répercuta
sur les arbres qui les surplombaient. Un calme incroyable régnait
autour d’eux. Seuls se faisaient entendre la brise qui lui caressait
le visage et le doux murmure de la rivière. Ni circulation, ni
bavardages, ni martèlement obsédant de pensées inavouées.
Si seulement ce silence pouvait durer ! Elle n’aurait aucun mal