5(ou à d’autres du même genre), aujourd’hui encore, émerveillée, j’applaudis et j’encourage ce petit prodige.C’est alors que je l’aperçois. Un garçon vêtu de l’uniforme de mon école est assis sur un banc métallique aux courbes rebondies, à moins de quinze mètres de nous. Il nous observe.Les poils se dressent aussitôt sur ma nuque. Mais non, il ne peut pas nous avoir entendues, c’est impossible. Il est trop loin. Pourtant, il reste tourné vers nous… Pourquoi nous regarde-t-il ? Se pourrait-il qu’il ait l’ouïe particulièrement fine, ou que le vent ait porté nos paroles jusqu’à lui ?Comment ai-je pu être aussi bête ? C’est la première fois que je fais un détour par le parc avec Jessa. Ma mère me l’a répété mille fois : après l’école, j’ai pour consigne de ramener la petite tout de suite à la maison. Mais aujourd’hui, je voulais… non, j’avais besoin de profiter du soleil, rien que quelques minutes.Je pose une main sur le bras de ma sœur, qui se raidit aussitôt.— On y va… Tout de suite !Le ton de ma voix laisse sans peine deviner le reste de ma phrase : « Avant que ce type n’aille rapporter tes capacités psychiques aux autorités. »Ma sœur n’esquisse pas même un signe de tête : elle connaît les ordres. Côte à côte, nous nous dirigeons vers la station de train située à l’autre bout du parc. Du coin de l’œil, je vois l’inconnu se lever pour nous suivre.Je me mords la lèvre si fort que le goût du sang se répand dans ma bouche. Que faire ? Fuir ? Aller lui parler pour tenter de réparer les dégâts ?À présent, je distingue son visage. Il a des cheveux blonds coupés court et un sourire que je reconnaîtrais entre mille. Je sens mes genoux faiblir…
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