Page 33 - Wizards

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La page du Serment lui semblait désormais aussi floue que
n’importe quelle autre. Affligée par sa propre crédulité, elle
glissa l’ouvrage sous son oreiller. Fermant des yeux endoloris,
elle s’adossa à la tête de lit.
Voilà, j’ai ma réponse !
se dit-elle. Elle
allait dormir un peu, puis se lever au crépuscule pour sortir son
télescope dehors. Mais d’ici là… d’ici là…
Au bout d’un moment, elle sentit que la nuit avait changé
de nature. C’est ce qui, bien plus tard encore, l’attira à la vitre.
Elle s’appuya contre le rebord et scruta avec émerveillement
le jardin transformé. Tout était illuminé d’une aurore
éternelle – les buissons et les arbres baignés de lumière et
non d’ombre –, et il lui semblait voir souffler le vent. Une
fois debout au milieu du lierre qui courait sous sa fenêtre, elle
considéra le ciel argenté pour s’habituer à son éclat.
Ça alors…
pensa-t-elle.
Même le jardin est passé de ce côté !
La lueur qui, près d’elle, observait aussi la voûte céleste
poussa un petit grognement et répondit :
Bien sûr. On est au Cœurdutemps, après tout.
Oui…
acquiesça Nita, pleine d’appréhension, tandis qu’elles
traversaient ensemble le jardin pour entrer dans l’ombre aveu­
glante des tours de cristal et d’acier.
Mais est-ce que j’ai bien fait ?
À toi d’aller trouver la réponse !
répliqua son compagnon
avant de lever les yeux. Nita n’était pas sûre de vouloir suivre
son regard. Lorsqu’elle l’eut fait, cependant…
J’ai rêvé que tu avais disparu
,
déclara-t-elle soudain.
La
magie demeurait, mais tu étais parti.
Elle ressentait une peine profonde, une douleur à en pleurer,
mais l’autre présence s’illumina d’un rire.
Personne ne disparaît à jamais
,
affirma-t-elle.
Surtout pas ici.