Page 12 - Gardiens des Cités Perdues

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Dis-moi… Tu crois vraiment qu’ils ressemblaient à ça ?
C’est un peu absurde, tu ne penses pas ?
Non, pourquoi ?
Elle se demandait ce qui le choquait. On aurait dit un petit
tyrannosaure : gueule immense, dents acérées, bras ridiculement
courts. Tout lui semblait en ordre.
Quelle tête crois-tu qu’ils avaient ? insista-t-elle.
Il s’esclaffa, comme amusé par un secret connu de lui seul.
Peu importe. Ta classe est en train de s’éloigner… À un
de ces jours, Sophie !
Il s’apprêtait à prendre congé, quand deux groupes d’enfants
de maternelle déferlèrent autour d’eux pour venir admirer
l’exposition. Une marée de cris stridents frappa Sophie de plein
fouet, au point qu’elle dut reculer d’un pas. Mais leurs voix
intérieures étaient autrement plus insupportables.
Les pensées des gamins la transpercèrent comme autant
d’aiguilles si aiguisées que son cerveau lui sembla soudain lardé
de coups de couteau. Elle ferma les yeux et porta les mains à ses
tempes pour les masser afin de soulager la douleur lancinante.
Et se rappela tout à coup qu’elle n’était pas seule.
Elle balaya la pièce des yeux pour s’assurer que personne
n’avait remarqué son étrange réaction, et croisa le regard de son
interlocuteur. Les doigts appuyés sur son front, il affichait la
même grimace de souffrance qu’elle-même avait sans doute sur
le visage un instant plus tôt. Il la fixait intensément.
Une minute…Tu les entends ? lui demanda-t-il tout bas.
Elle se sentit pâlir.
Non, impossible…
Il parlait des hurlements des enfants, sans aucun doute. Quel
raffut ! Cris, couinements et gloussements, sans compter près
de soixante voix qui piaillaient. Et le concert de leurs pensées,
bien sûr.